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Par James Burton de Wealth Professional  | 9 novembre 2022
Initialement publié le 25 octobre 2022 | Article publié en partenariat avec la Canada Vie

Quelles sont les perspectives des grands experts du marché au sujet des tendances économiques actuelles? Le 6 octobre s’est tenue la troisième édition de notre événement centré sur la gestion du patrimoine avec l’économiste de renom Mohamed El-Erian comme conférencier d’honneur. M. El-Erian a présenté les facteurs qui selon lui sont les catalyseurs de l’incertitude économique mondiale. En pareil contexte, les investisseurs risquent de commettre des « erreurs irréparables » a-t-il prévenu. L’économiste a souligné les trois principaux comportements dont les conseillers doivent être à l’affût chez leurs clients. Les conseillers en mesure de reconnaître ces comportements à éviter seront plus à même d’aider les investisseurs à faire face aux turbulences. 

Lisez notre récapitulatif pour obtenir les conseils de M. El-Erian à l’intention des conseillers et pour connaître son point de vue sur la position du Canada en cette période volatile.

Les conseillers sont pressés d’aider les clients à éviter de commettre des « erreurs irréparables » en les accompagnant en cette période d’incertitude économique. Voilà le point de vue de l’économiste de renom international Mohamed El-Erian, qui a pris la parole lors de l’événement virtuel Les placements en direct! de la Canada Vie le 6 octobre. Pendant sa conférence, il a parlé des grandes tendances économiques, dont l’inflation, la hausse des taux d’intérêt, la politique des banques centrales et la volatilité des marchés.

M. El-Erian travaille avec les plus hauts niveaux des entreprises et des gouvernements. Il est le recteur du Collège Queens de l’Université de Cambridge, le président de Gramercy Funds Management et l’auteur à succès de nombreux livres sur la finance. Il est également un chroniqueur respecté de la revue Bloomberg et du journal The Financial Times.

Pendant la conférence, M. El-Erian a souligné les trois principaux comportements à surveiller chez les investisseurs en cette période d’incertitude économique. « Le déni et les angles morts constituent un comportement, a-t-il expliqué. Nous continuons de penser que nous vivons dans un mode différent. Cela fait écho aux propos de la banque centrale, qui n’a cessé de qualifier le contexte de transitoire. Il s’agit pour cette dernière d’un véritable angle mort, car elle a manqué d’ouverture face à la situation. »

Le deuxième comportement est le recadrage, où les investisseurs reconnaissent qu’il y a un changement, mais le recadrent de façon à ce qu’il corresponde à quelque chose qui leur est plus familier. Cette réaction peut prendre la forme d’un « pivot ». Par exemple, les taux d’intérêt sont à la hausse, mais l’investisseur croit qu’ils pivoteront et se mettront bientôt à baisser. « Nous avons tendance à réagir de la sorte pour retrouver notre zone de confort, mais il est difficile de recadrer des changements séculaires sans en changer le sens », a-t-il ajouté.

L’inertie active est le troisième et dernier comportement. Un tel comportement s’observe chez un client qui, bien qu’il comprenne qu’il doit agir différemment, finit par répéter les mêmes actions. De l’avis de M. El-Erian, ces comportements sont le résultat de l’erreur humaine et de la façon dont nous avons tendance à réagir lorsque nous sortons de notre zone de confort. « Voilà pourquoi je ne perds jamais de vue la destination [des placements], car nous avons besoin d’un point d’ancrage en cours de processus », a-t-il ajouté.

L’inflation est, bien sûr, l’une des causes de l’incertitude déroutante et inhabituelle qui plane sur l’économie. Pour résumer l’histoire anxiogène des neuf premiers mois de 2022, les investisseurs perdaient de l’argent, peu importe où ils investissaient. Même du point de vue des liquidités, le pouvoir d’achat a reculé. M. El-Erian a expliqué qu’en guise de réponse, les banques centrales sont en voie de passer d’une stratégie de faibles taux d’intérêt et d’injections massives de liquidités à une stratégie complètement opposée.

Pendant la période de questions, l’économiste a poursuivi son analyse des autres grands catalyseurs de la présente incertitude. M. El-Erian a affirmé qu’un des catalyseurs tient au fait que l’économie mondiale est désormais dépourvue d’un modèle de croissance fort en raison des défaillances au chapitre de l’offre. En plus de regarder le contexte financier changeant, il faut aussi tenir compte du fait que les banques centrales, à commencer par la Réserve fédérale américaine et la Banque centrale européenne, ont tardé à réagir. Pour M. El-Erian, « si vous roulez sur une autoroute et que vous constatez la présence de brouillard et de débris devant vous, il y a tout lieu de lever le pied et de ralentir. Voilà une chose que n’ont pas faite la Réserve fédérale et la Banque centrale européenne en particulier. Tout au long de l’année passée, les deux banques centrales avançaient pleins gaz. En mars cette année, malgré un taux d’inflation dépassant les 7 % annoncé par les États-Unis, la Réserve fédérale a continué d’injecter des liquidités dans le système. Alors pour reprendre l’analogie routière, lorsque vous vous mettez à ne plus rien voir et à percuter des objets, que faites-vous? Vous freinez brusquement. Nous nous trouvons donc à bousculer les conditions financières de manière très abrupte. » Il a ajouté que les nombreuses secousses géopolitiques qui nous assaillent en simultané sont un autre catalyseur de la présente incertitude.

M. El-Erian a également prévenu les conseillers de ne pas s’attendre à un retour rapide d’une inflation très faible et de taux d’intérêt à 0 %. Nous sommes dans un différent paradigme et les conseillers doivent bien se préparer et communiquer efficacement avec les clients. Selon M. El-Erian, « il faut tenir les clients informés, leur expliquer pourquoi le chemin est ponctué de soubresauts et les convaincre de ne pas perdre de vue la destination. »

Bien qu’il s’attende à une atténuation de l’inflation, sauf si les banques centrales perdent leur sang-froid dans leur détermination à augmenter les taux d’intérêt, une question demeure : à quel prix? Comme les banques centrales ont tardé à relever les taux, l’inflation entraînera vraisemblablement un retard de croissance plus grand que nécessaire. De l’avis de M. El-Erian, la Réserve fédérale commettrait une erreur si elle se mettait à pivoter trop tôt.

Dans cette perspective, un accident financier demeure l’événement de type « cygne noir » le plus probable. Il s’agit là d’un événement imprévisible qui a d’importantes répercussions et que seul le recul permet de bien raisonner. La bévue commise par le gouvernement du Royaume-Uni lors de son mini-budget, qui a failli faire capoter le système des régimes de retraite si ce n’était de l’intervention de la Banque d’Angleterre, illustre bien ce type d’événement. Selon M. El-Erian, « si un cygne noir devait se produire, ce serait sans doute dans les secteurs non bancaires, et c’est une éventualité à laquelle on doit s’attendre, car les gens sont devenus trop habitués à croire à la pérennité des taux d’intérêt nuls et des liquidités abondantes. »

Malgré l’incertitude déroutante et inhabituelle qui plane mondialement, l’économiste estime que le Canada se trouve relativement bien positionné. En observant les trois principales régions du monde (Amérique du Nord, zone euro et Chine), M. El-Erian estime que l’Europe est la plus exposée au risque de récession, suivie de la Chine et de l’Amérique du Nord. Le Canada, lui, se situe dans un bon endroit dans un contexte plus large qui est relativement correct. Sa proximité avec les États-Unis est un avantage, compte tenu de la vigueur économique de son voisin du sud et des liens commerciaux qui unissent les deux pays. Le Canada est également bien placé pour tirer profit de la diversification énergétique rendue nécessaire en Europe en raison de l’invasion russe de l’Ukraine.

« Le quartier dans lequel se trouve le Canada fait face à certains défis, mais ces défis sont certainement moins grands que ceux auxquels d’autres pays sont confrontés, a illustré M. El-Erian. L’inflation, la hausse du coût d’emprunt et les inquiétudes au sujet d’une récession font en sorte que la situation n’est pas parfaite, mais en termes relatifs, le Canada jouit de meilleures conditions initiales que d’autres. Cela ne veut pas dire que la situation est facile ici, mais elle l’est plus qu’au cœur de l’Europe ou dans les pays dépendants de la Chine en ce moment. »

Les conseillers qui doivent affronter les turbulences actuelles peuvent trouver un certain réconfort dans la position et les forces relatives du Canada. L’accent doit être mis sur la destination financière ultime des clients et sur les mesures à prendre pour leur éviter des erreurs comportementales coûteuses.

Les opinions exprimées dans le présent commentaire n’engagent que cet économiste en date du 6 octobre 2022 et peuvent changer sans préavis. Ce commentaire n’est présenté qu’à titre d’information générale et n’a pas pour but d’inciter le lecteur à acheter ou à vendre des produits de placement précis, ni de fournir des conseils juridiques ou fiscaux.

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