Début des hausses de taux – les Canadiens réduiront-ils leurs dépenses?
7 avril 2022
Introduction
C’est sous le signe de la tension que le mois de mars s’est déroulé à l’échelle mondiale, mise en évidence par le conflit entre l’Ukraine et la Russie, les perturbations dans la chaîne d’approvisionnement et l’inflation galopante qui perdure. Les consommateurs autour du globe ont dû composer avec des prix à la consommation élevés et des risques économiques importants. Le prix du pétrole a grimpé au cours du mois pour toucher plus de 123 $ US le baril à un certain moment, soit son plus haut niveau depuis 2008. Entretemps, effrayés par les risques économiques et la flambée inflationniste, les investisseurs ont cherché à se mettre à l’abri, ce qui a fait grimper le prix de l’or à plus de 2 000 $ US au début du mois. Celui-ci s’est graduellement replié par la suite.
En ce contexte de pressions inflationnistes substantielles, qui selon toutes attentes devraient durer encore quelque temps, les banques centrales sont passées à l’action pour tempérer l’accroissement des prix à la consommation. La Réserve fédérale américaine (Fed) a augmenté la fourchette cible de ses fonds fédéraux de 25 points de base, soit de 0,25 % à 0,50 %. La Banque du Canada a également entrepris les premières démarches vers une normalisation de sa politique en augmentant son taux de financement à un jour de 0,25 % à 0,50 %. Pour une troisième fois consécutive, la Banque de l’Angleterre a aussi accru son taux bancaire, cette fois par une marge de 25 points de base pour le fixer à 0,75 %. Comme d’autres augmentations de taux sont à prévoir, les rendements obligataires sur la scène mondiale ont pris de l’avance tandis que les prix ont reculé. Les rendements des bons à 10 ans des gouvernements canadien et américain ont tous deux profité d’une hausse pendant le mois.
Or, malgré l’incertitude qui plane sur l’économie mondiale, principalement en raison du conflit entre la Russie et l’Ukraine et de l’inflation, les marchés d’actions mondiales ont réussi à dégager de légers gains en mars. Au Canada, le secteur des biens de consommation de base a mené la charge et permis à l’indice composé S&P/TSX de terminer le mois sur une note positive. L’indice principal du Canada a par ailleurs décroché un nouveau sommet record de clôture pendant le mois. Au sud de la frontière, l’indice S&P 500 s’est aussi avancé, tiré de l’avant par le secteur des services publics. De même, l’indice composé NASDAQ, à forte teneur technologique, a profité d’un gain mensuel de plus de 3 %.
Début des hausses de taux
Le début tant débattu et attendu des augmentations de taux s’est entamé pendant le mois de mars. Les banques centrales du Canada et des États-Unis ont commencé à resserrer leur politique monétaire en augmentant leurs taux directeurs en mars. Ainsi, la Banque du Canada a augmenté son taux de financement à un jour de 25 points de base pour l’établir à 0,50 %, ce qui représente sa première hausse depuis 2018. La banque a fait état des importantes pressions inflationnistes qui sévissent pour justifier sa décision visant à hausser ses taux. Celle-ci a également mentionné qu’elle prévoyait un niveau d’inflation élevé à court terme, laissant entendre que d’autres augmentations étaient à prévoir. Entretemps, la Fed a augmenté la fourchette cible de ses fonds fédéraux de 25 points de base, soit de 0,25 % à 0,50 %. Là aussi, il s’agissait d’une première hausse depuis 2018. La Fed estime que cette augmentation des taux d’intérêt est de mise en raison de l’inflation galopante. Elle reconnaît par ailleurs que le conflit entre la Russie et l’Ukraine représente un risque pour la croissance économique. Toutefois à cet égard, Jerome Powell, président du conseil de la Fed, indique ne pas être inquiété outre mesure par l’éventualité d’une récession. Les deux banques centrales ont reconnu la possibilité d’une augmentation d’un autre 50 points de base lors de rencontres à venir. Les marchés ont donc tenu compte de six autres augmentations potentielles des taux cette année dans l’évaluation des cours.
Abandon de l’énergie russe
Le conflit entre la Russie et l’Ukraine s’est poursuivi tout au long de mars, exerçant une plus grande pression sur la chaîne d’approvisionnement mondiale. À la lumière des sanctions infligées à la Russie, le prix de nombreuses marchandises a grimpé, y compris le prix du blé et du nickel. L’indice des marchandises Bloomberg, qui fait le suivi du prix d’une variété de marchandises, a augmenté de plus de 8 % en mars pour toucher son plus haut niveau depuis 2014. Le prix du pétrole a également orchestré une ascension substantielle pendant le mois.
Les États-Unis n’ont pas lésiné dans la mise en place de sanctions contre la Russie, y compris l’interdiction d’importer du pétrole russe. Le Royaume-Uni lui a emboîté le pas avec des sanctions comparables. Bien que l’Union européenne n’ait pas interdit les importations de pétrole russe, principalement en raison de sa dépendance aux produits énergétiques de la Russie, les craintes quant à l’approvisionnement en pétrole ont exercé une pression à la hausse sur les prix pendant le mois. Comme le prix du pétrole et la dépendance mondiale envers cette marchandise se trouvent sous les feux de la rampe, on constate un réel mouvement vers l’adoption d’options plus propres afin de réduire le recours aux fournisseurs de pétrole. L’Union européenne a devancé ses plans visant l’ajout de systèmes solaires et éoliens d’ici 2027. Le prix du pétrole a réalisé une montée de plus de 5 % au cours du mois.
Répercussions de l’inflation sur les consommateurs
Du côté du détail, la croissance des recettes est demeurée relativement solide au cours des derniers mois. Toutefois, on note des signes de fatigue devant la hausse des prix. Le bureau du recensement américain a indiqué que les ventes au détail ont augmenté de 0,3 % en février, ce qui représente un recul par rapport au gain de 4,9 % enregistré en janvier. La plupart de ces ventes émanaient par ailleurs de la hausse des prix de l’essence. En effet, lorsqu’on exclut les données sur l’essence, les ventes au détail se sont en fait repliées de 0,2 % en février. En outre, la hausse du prix de l’essence a des retombées ailleurs, notamment dans les secteurs du commerce en ligne et des soins personnels et de santé, lesquels ont tous deux accusé une perte de vitesse pendant le mois. Au nord de la frontière, Statistique Canada révélait que les ventes au détail au Canada avaient profité d’une croissance de 3,2 %, principalement grâce à l’assouplissement des mesures de confinement en raison de la COVID-19. Toutefois, ce chiffre de vente solide pourrait masquer des problèmes sous-jacents pour les consommateurs. Lors d’un récent sondage Léger, environ 80 % des participants ont commencé à acheter ou planifient commencer à acheter des articles moins chers dans les épiceries, tandis qu’environ 50 % d’entre eux disent utiliser leur voiture moins souvent afin d’économiser l’essence. Entretemps, les indicateurs de confiance des consommateurs au Canada et aux États-Unis ont diminué quelque peu au cours des récents mois, l’inflation se révélant être une des principales inquiétudes en cause. Comme les dépenses à la consommation occupent une place importante dans le produit intérieur brut, le ralentissement des dépenses en raison de la hausse des prix pourrait avoir des répercussions négatives sur la croissance économique.
Risques qui minent la croissance
Selon Statistique Canada, l’économie canadienne a affiché, au quatrième trimestre de 2021, son plus haut taux de croissance depuis le dernier trimestre de 2020. Selon elle, l’économie canadienne s’est avancée de 6,7 % sur une base annualisée au quatrième trimestre de 2021, ce qui représente une prise de vitesse par rapport aux 5,5 % enregistrés au troisième trimestre. Les dépenses commerciales ont principalement mené la charge de cette croissance. Or, celles-ci ont eu lieu pendant le ralentissement des activités économiques vers la fin du trimestre en réponse aux nouvelles mesures de confinement survenues en raison de la propagation du variant Omicron de la COVID-19. Malgré la solidité soutenue des conditions économiques en 2022, on assiste à un accroissement notable des risques économiques au Canada. Le conflit entre la Russie et l’Ukraine sème le désordre dans la chaîne d’approvisionnement mondiale, ce qui pourrait mettre d’autant plus de pression sur les fabricants et vendeurs de biens et services canadiens. Cette situation contribue à faire grimper les prix d’une panoplie de produits, notamment celui de l’essence. Bien qu’il puisse s’agir d’un développement positif pour le secteur clé de l’énergie au Canada, les prix plus élevés à la pompe pourraient également entraîner des répercussions négatives sur les consommateurs. En ce contexte d’inflation galopante et de multiplication des risques économiques au Canada, les craintes d’une stagflation prennent de l’ampleur.
Rendements des marchés - au 31 mars 2022
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Niveau
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Cumul mensuel
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Cumul mensuel (CAD)
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Cumul annuel
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Cumul annuel (CAD)
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1 an
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1 an (CAD)
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21 890,16
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3,62 %
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3,62 %
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3,14 %
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3,14 %
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17,06 %
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17,06 %
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4 530,41
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3,58 %
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1,90 %
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(4,95 %)
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(6,20 %)
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14,03 %
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13,21 %
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34 678,35
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2,32 %
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0,66 %
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(4,57 %)
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(5,83 %)
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5,14 %
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4,38 %
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2 181,63
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0,12 %
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(1,51 %)
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(6,61 %)
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(7,84 %)
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(1,21 %)
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(1,92 %)
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1 141,79
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(2,52 %)
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(4,10 %)
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(7,32 %)
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(8,55 %)
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(13,27 %)
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(13,89 %)
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1 927,37
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(0,53 %)
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(2,14 %)
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(7,93 %)
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(9,14 %)
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1,17 %
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0,44 %
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180,45
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(1,03 %)
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(2,64 %)
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(6,56 %)
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(7,79 %)
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(11,36 %)
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(12,00 %)
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Niveau
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Cumul mensuel
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Cumul mensuel (CAD)
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Cumul annuel
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Cumul annuel (CAD)
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1 an
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1 an (CAD)
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---|---|---|---|---|---|---|---|
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1 107,29
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(2,99 %)
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(2,99 %)
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(6,97 %)
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(6,97 %)
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(4,52 %)
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(4,52 %)
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228,01
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(3,03 %)
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(4,61 %)
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(6,57 %)
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(7,80 %)
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(7,53 %)
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(8,15 %)
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Niveau
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Cumul mensuel
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Cumul mensuel (CAD)
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Cumul annuel
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Cumul annuel (CAD)
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1 an
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1 an (CAD)
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0,7995
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1,31 %
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-
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1,25 %
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-
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0,65 %
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-
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Niveau
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Cumul mensuel
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Cumul mensuel (CAD)
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Cumul annuel
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Cumul annuel (CAD)
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1 an
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1 an (CAD)
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---|---|---|---|---|---|---|---|
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101,20
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5,73 %
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-
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33,33 %
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-
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69,51 %
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-
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1 937,37
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1,49 %
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-
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5,92 %
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-
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130,45 %
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