Les craintes d’inflation persistent à l’échelle mondiale, le huard s’envole et la folie de la cryptomonnaie s’empare des marchés boursiers.
7 juin 2021
Introduction
La distribution des vaccins et l’assouplissement des mesures de confinement dans certaines régions du monde ont contribué à la reprise de l’activité économique en mai. À l’échelle mondiale, le secteur de la fabrication et des services battait son plein, signalant l’amélioration des conditions économiques. Le président des États-Unis, Joe Biden, a déposé son nouveau budget, lequel cherche à accroître les dépenses dans le but de prêter main-forte aux ménages et à l’économie en général. Certains membres de la Réserve fédérale américaine (la Fed) ont donné des entrevues et fait des discours qui laissaient envisager une réduction des programmes de rachats obligataires.
Au Canada, l’indice composé S&P/TSX a atteint un sommet record en mai, tiré de l’avant par les secteurs des matériaux et des services financiers. Au sud de la frontière, les actions américaines dégageaient un léger gain, les indices Dow Jones Industrial Average et S&P 500 affichant tous deux des sommets records au début du mois. L’inflation grimpante et le regain d’intérêt pour les actions de valeur ont pesé lourd sur le secteur de la technologie, qui a entraîné l’indice composé NASDAQ avec lui dans sa chute. Les actions mondiales, selon l’indice MSCI Monde tous pays (ACWI), ont pour leur part orchestré une ascension pendant la période mensuelle. Le rendement des obligations du gouvernement à 10 ans, tant au Canada qu’aux États-Unis, a terminé sa course en retrait en mai. Le prix de l’or, porté par des attentes inflationnistes, a pris son envol. Dans son sillage, le prix du pétrole a également affiché un gain, porté quant à lui par des perspectives plus roses sur le plan de la demande.
Les craintes inflationnistes perdurent
Les données sur l’inflation publiées en mai sont venues confirmer les prévisions selon lesquelles les pressions inflationnistes prennent bel et bien de l’ampleur au sein de l’économie mondiale. Les prix à la consommation divulguent ainsi des hausses marquées par rapport aux résultats de l’année dernière. Aux États-Unis, le taux d’inflation allait chercher son plus haut taux depuis 2008 en s’établissant à 4,2 % en avril, tandis qu’au Canada, les prix à la consommation mettaient en scène leur croissance la plus rapide depuis 2011 en s’avançant de 3,4 %. Bien que ces taux élevés soient appelés à ralentir, les prix à la consommation pourraient demeurer élevés sachant que les pressions inflationnistes s’accentuent du côté de la production. En effet, les marchandises nécessaires à la production, comme le bois œuvre, le cuivre et le minerai de fer, voient leur prix monter à des sommets records, ce qui a pour effet d’exercer une forte pression sur les entreprises. Celles-ci se voient parfois forcées de transférer ces coûts aux consommateurs, ce qui pourrait incidemment ralentir la reprise économique. À la lumière de la volatilité engendrée sur les bourses au cours du mois, il s’agit d’une inquiétude fondée pour les investisseurs; une inquiétude qui devrait par ailleurs persister tant que les taux d’inflation ne mettront pas les freins ou que les banques centrales prennent des mesures pour contenir l’inflation.
Réduction progressive considérée par la Fed
La Fed a publié le procès-verbal de sa rencontre d’avril dans lequel elle réitérait son intention de conserver son taux directeur près de zéro pendant les deux prochaines années pour faire contrepoids à la faiblesse du taux d’emploi, d’avis que la hausse de l’inflation ne sera que temporaire. L’étau pourrait toutefois se refermer si l’inflation poursuit sur sa lancée et que les conditions économiques s’améliorent. D’autres banques centrales à l’échelle du globe ont indiqué qu’elle planifiait augmenter leur taux directeur plus tôt que prévu, notamment la Banque du Canada, la Banque de Corée et la Banque de la Nouvelle-Zélande.
Toutefois, le procès-verbal mettait aussi au jour que certains membres envisageaient de réduire progressivement le programme de rachats obligataires établi par la Fed. Parmi eux, Richard Clarida, vice-président, soulignait que les discussions sur la modération du programme de rachats allaient sûrement avoir lieu au cours des prochaines rencontres. En mars 2020, lorsque les mesures de confinement prises pour contrer les effets de la pandémie naissante ont pratiquement anéanti les activités commerciales, la Fed a instauré un programme de rachats obligataires. Ce programme, d’une valeur de 120 milliards $ US, s’est réalisé sur une base mensuelle afin d’améliorer la liquidité au sein du marché. Or, comme les conditions économiques s’améliorent à l’heure actuelle, tant aux États-Unis qu’ailleurs sur la planète, le bien-fondé de ce programme de rachats obligataires est maintenant remis en question. Par ailleurs, sachant que l’économie américaine profite d’une distribution réussie des vaccins, plusieurs régions au pays ont maintenant procédé à une réouverture complète.
Huard à la hausse
Le dollar canadien a pris une avance considérable sur le dollar américain pendant le mois, se hissant de près de 2 % pour s’établir à 0,8289 $ US à la fin du mois, soit un niveau non atteint depuis 2015. Une variété de facteurs sont à l’origine de cette hausse du dollar canadien, dont l’augmentation du prix des marchandises, particulièrement le pétrole, qui a mis le vent dans les voiles au dollar canadien. Suivant cette hausse du prix du pétrole, le secteur de l’énergie du Canada profite, tout comme l’économie générale du pays. Deuxièmement, la Banque du Canada a laissé entendre que son taux d’intérêt directeur pourrait augmenter plus tôt que prévu. Une telle hausse avant le moment prévu par la banque devrait s’avérer positive pour le dollar canadien. En outre, le dollar américain subit les pressions exercées par l’augmentation des dépenses du gouvernement et les attentes inflationnistes, donnant là encore un coup de pouce au huard. Jusqu’à présent, la hausse du dollar canadien n’a pas eu d’effets négatifs sur l’économie canadienne.
La cryptomanie s’empare des marchés boursiers
Les cryptomonnaies, avec bitcoin en tête, ont décroché des prix records en 2021. L’adoption plus généralisée des cryptomonnaies par les investisseurs institutionnels a propulsé les prix vers le haut. Bon nombre d’investisseurs individuels ont aussi recours aux cryptomonnaies pour se couvrir contre le déclin du dollar américain et une éventuelle flambée inflationniste. Toutefois, la hausse extraordinaire du prix des bitcoins s’est arrêtée abruptement pour orchestrer une dégringolade de 35 % en mai. Qu’est-ce qui a engendré cette chute? Des inquiétudes quant à ses répercussions sur l’environnement. De grands noms, comme Janet Yellen, secrétaire du Trésor américain, et Elon Musk, PDG de Tesla, ont précisé que la quantité d’énergie requise pour extraire les bitcoins est néfaste pour l’environnement. Peu de temps après avoir annoncé que Tesla allait accepter les bitcoins comme moyen de paiement, M. Musk a renversé la vapeur et indiqué qu’il n’accepterait pas les bitcoins, ni ne les vendrait jusqu’à ce que le processus d’extraction soit plus efficace sur le plan énergétique.
Bien que les cryptomonnaies en soient en fait à leurs premières heures, la popularité et la croissance de celles-ci ont des retombées sur bon nombre d’entreprises cotées en bourse. Aussi bien Coinbase Global Inc. que Tesla Inc., deux sociétés foncièrement reliées aux bitcoins, ont essuyé des pertes importantes pendant le mois. Le mystère enveloppe encore les cryptomonnaies, mais les plus récents événements font état de leur notoriété croissante dans les marchés financiers et de l’intérêt qu’elles suscitent chez les investisseurs.
Rendements des marchés au 31 mai 2021
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Niveau
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Cumul mensuel
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Cumul annuel
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1 an
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19 730,99
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3,26 %
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13,18 %
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29,87 %
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4 204,11
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0,55 %
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11,93 %
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38,10 %
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34 529,45
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1,93 %
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12,82 %
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36,03 %
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2 334,00
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2,89 %
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8,68 %)
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35,30 %
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1 376,21
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2,12 %
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6,58 %
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47,92 %
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Niveau
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Cumul mensuel
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Cumul annuel
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1 an
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---|---|---|---|---|
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1 167,71
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0,63 %
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(4,38 %)
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(1,72 %)
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250,78
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0,78 %
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(2,80 %)
|
3,62 %
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Niveau
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Cumul mensuel
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Cumul annuel
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1 an
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0,8289
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1,81 %
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5,43 %
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14,17 %
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Niveau
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Cumul mensuel
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Cumul annuel
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1 an
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66,91
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5,24 %
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37,90 %
|
88,53 %
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1 906,87
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7,79 %
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0,45 %
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10,21 %
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