L’arrivée à la présidence de Joe Biden, la distribution de vaccins et les annonces des banques centrales pourraient être le prélude à un redressement.
5 février 2021
Introduction
Le tableau économique sur la scène mondiale s’est quelque peu assombri au début de l’année 2021. Les taux de chômage élevés et l’instauration de nouvelles mesures de confinement ont miné les dépenses. Cette réduction de la demande a d’ailleurs pesé lourd sur le secteur de la fabrication, comme en témoigne le ralentissement des activités mondiales de fabrication en janvier, tant sur le plan des nouvelles commandes que de la production. Une nouvelle variante de la COVID-19, jugée plus contagieuse encore, a été détectée au Royaume-Uni, déclenchant la mise en place de nouvelles restrictions sur les déplacements à l’échelle mondiale. Les secteurs du voyage, du tourisme, de l’hospitalité et des transporteurs aériens ont été incidemment et durement touchés par ces mesures.
Les marchés d’actions mondiales ont commencé l’année dans le vert grâce à la distribution massive des vaccins contre la COVID-19 et à l’espoir, à l’issue de cette campagne de vaccination, d’une reprise économique à l’échelle du globe. La victoire présidentielle de Joe Biden et le dépôt de son plan de relance de 1,9 billion $ US ont également alimenté le prix des actions. Toutefois, on assistait à un repli vers la fin du mois dans le sillage de l’incertitude créée par la mise en péril du plan de relance ainsi que la volatilité engendrée sur la Bourse par un groupe de la plateforme Reddit et les vendeurs à découvert institutionnels. Dans les marchés de titres à revenu fixe, les courbes de rendement canadiennes et américaines se sont accentuées pendant le mois. Les taux directeurs ultra faibles de la Banque du Canada et de la Fed ont plafonné les taux à court terme, tandis que le rendement des obligations du gouvernement sur 10 ans s’est élevé dans les deux pays, s’appuyant principalement sur des attentes inflationnistes et de meilleures conditions économiques dans l’ensemble.
Les 100 premiers jours de Joe Biden
Joe Biden est officiellement devenu président des États-Unis le 20 janvier dernier. Bien que son arrivée laisse prévoir des taux d’imposition pour les entreprises plus élevés et un cadre réglementaire plus strict, les investisseurs ont accueilli le nouveau président avec optimisme. Selon toutes attentes, le retour à une plus grande stabilité au sein de la Maison-Blanche et la limpidité des politiques et décisions pourraient dissiper une part du brouillard et s’avérer constructifs pour les marchés boursiers. Parmi les principaux objectifs qu’il s’est fixés au cours de ses 100 premiers jours à la présidence, notons la mise en place de mesures visant à réduire la propagation de la COVID-19 et l’apport d’un soutien aux entreprises et ménages américains qui ont été pris dans l’étau des nouvelles mesures de confinement. Il a déposé un nouveau plan de relance de 1,9 billion $ US, en plus d’une panoplie d’autres décrets visant à combattre la COVID-19. À ce titre, notons deux décrets importants qui risquent d’avoir des répercussions importantes au Canada. Premièrement, le président Biden a révoqué le permis de construction du pipeline de Keystone XL. TC Energy Corp. a immédiatement mis fin aux travaux entamés et annoncé la mise à pied conséquente de plus de 1 000 emplois. Deuxièmement, le président Biden a adopté un décret sommant les agences fédérales « d’acheter américain ». Dans la gestion de leurs projets publics, plusieurs agences fédérales américaines se révèlent être des importateurs majeurs de biens canadiens; or, cette mesure risque fort de mettre un frein à ces achats.
Problèmes d’approvisionnement en vaccins
Une augmentation marquée des cas de COVID-19 ces derniers mois a mené à l’institution de mesures de confinement et à la fermeture d’entreprises non essentielles dans plusieurs régions du monde. Ces démarches ont exercé une pression considérable sur l’activité économique mondiale, particulièrement dans les secteurs des services et de fabrication, lesquels ont affiché un ralentissement en janvier. Ce repli a soulevé les inquiétudes des investisseurs qui espéraient un redressement soutenu, entraînant ainsi à la baisse le prix des actions au cours du mois. Il semblerait que la voie menant à un redressement économique soutenu passe par la distribution réussie des vaccins contre la COVID-19 en 2021. Tandis que les gouvernements tentent d’orchestrer la distribution des vaccins le plus rapidement et efficacement possible, certains retards de production qu’accusent les entreprises pharmaceutiques ont des répercussions sur la quantité de doses livrées dans certains pays, notamment le Canada. En effet, le Canada planifiait avoir administré six millions de doses d’ici la fin de mars, ce qui risque maintenant de ne pas se concrétiser en raison de ces délais. Plus il faudra de temps pour recevoir et administrer les vaccins, plus l’incertitude quant à la rapidité du redressement économique est mise en cause. Par ailleurs, une nouvelle variante de la COVID-19, jugée encore plus contagieuse, représente un nouvel obstacle à surmonter par le gouvernement canadien dans sa lutte soutenue contre le virus. Le gouvernement a annoncé de nouvelles restrictions sur les déplacements à la fin de janvier, dans le but principal de faire échec à l’arrivée de nouvelles variantes au Canada. Cette nouvelle a eu un effet immédiat sur les transporteurs canadiens, lesquels ont dû réduire leur nombre de vols. Les conditions d’affaires pourraient se détériorer dans plusieurs secteurs au Canada suivant la hausse des cas de COVID-19, tandis que le gouvernement tente tant bien que mal de distribuer des vaccins.
Interventions des banques centrales à l’échelle du globe
Pendant le mois de janvier, les principales banques centrales ont adopté un ton relativement prudent dans leurs annonces en raison de l’incertitude causée par la pandémie. La Banque du Canada a indiqué que l’économie pourrait se replier au premier trimestre sous les effets des nouvelles mesures de confinement. La Réserve fédérale américaine (la « Fed ») a également fait remarquer que les données les plus récentes affichaient un ralentissement de l’activité économique aux États-Unis. La Banque centrale européenne (« BCE ») a fait part d’une éventuelle récession à deux creux dans la région. Les banques centrales ont réitéré leur engagement à appuyer leurs économies en cherchant à aligner l’inflation et les taux de chômage à des niveaux acceptables tout en tentant d’éviter les problèmes de liquidités et boursiers qui ont miné l’économie mondiale lors de la crise financière. La possibilité d’autres mesures d’assouplissement de la politique monétaire a cependant remis le vent dans les voiles aux marchés boursiers qui pourraient voir le prix des titres grimper à nouveau. La Banque du Canada et la BCE ont maintenu leurs taux directeurs aux mêmes niveaux, soit respectivement 0,25 % et 0,00 %, tandis que la Fed a conservé la même plage pour ses taux des fonds fédéraux, soit entre 0,00 % et 0,25 %. Ultimement, les banques centrales estiment que le redressement économique dépend étroitement du déploiement réussi de la campagne de vaccination contre la COVID-19.
Prix du pétrole à la hausse
Le prix du pétrole s’est élevé de près de 8 % pendant janvier, tirant profit d’un regain d’optimisme alimenté par l’espoir que la distribution des vaccins contre la COVID-19 servira de tremplin à la demande mondiale. Le prix du pétrole a souffert en 2020, principalement en raison du surplus causé par la faible demande. Toutefois, d’importantes réductions de la production parmi les pays de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole et la Russie (OPEP+) et la reprise de la demande mondiale prévue cette année devraient épuiser l’excédent de stock. Ce faisant, le marché pétrolier serait à même de retrouver un peu de stabilité et constater une hausse de ses prix. Les pays de l’OPEP+ se sont rencontrés au début de janvier. Après quelques jours de négociations intenses, le groupe a décidé de maintenir les réductions de production en place au cours de février et mars. Dans son rapport de janvier, l’OPEP+ a conservé ses prévisions sur le plan de la demande mondiale en pétrole, prévoyant que la demande augmentera de 5,9 millions de barils par jour en 2021 par rapport à l’année passée. Ces chiffres se traduisent par une demande d’environ 95,9 millions de barils par jour. Le secteur de l’énergie, tel que suivi par l’indice composé S&P/TSX, a progressé au cours de janvier. Les investisseurs ont fait fi de leurs inquiétudes à l’égard de la suspension du pipeline Keystone XL en faveur d’un intérêt renouvelé envers la dynamique plus efficace entre l’offre et la demande, laquelle pourrait minimiser les risques à la baisse.
Rendements des marchés au 29 janvier 2021
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Niveau
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Cumul mensuel
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Cumul annuel
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1 an
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17 337,02
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(0,55 %)
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(0,55 %)
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(1,00 %)
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3 714,24
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(1,11 %)
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(1,11 %)
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13,47 %
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29 982,62
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(2,04 %)
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(2,04 %)
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4,34 %
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2 124,05
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(1,09 %)
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(1,09 %)
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5,40 %
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1 329,57
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2,97 %
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2,97 %
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21,14 %
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Niveau
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Cumul mensuel
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Cumul annuel
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1 an
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1 207,71
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(1,11 %)
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(1,11 %)
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4,58 %
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255,69
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(0,90 %)
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(0,90 %)
|
7,62 %
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Niveau
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Cumul mensuel
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Cumul annuel
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1 an
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---|---|---|---|---|
|
0,7827
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(0,82 %)
|
(0,82 %)
|
2,88 %
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Niveau
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Cumul mensuel
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Cumul annuel
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1 an
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52,20
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7,58 %
|
7,58 %
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(2,12 %)
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1 847,65
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(2,67 %)
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(2, 67 %)
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17,18 %
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