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Par C WorldWide Asset Management | 1 novembre 2022
Morten Springborg, spécialiste des thèmes mondiaux

La guerre est-elle la cause des problèmes énergétiques de l’Europe, ou l’incertitude a-t-elle accentué un problème existant? Dans ce récent article, C WorldWide Asset Management explore la crise de l’énergie et explique ce qui motive ses décisions de placement à long terme pour le Fonds concentré d’actions internationales Parcours.

En 2006, le livre et le film d’Al Gore sur les changements climatiques, Une vérité qui dérange, ont donné le coup d’envoi à une transformation de notre système énergétique. Cependant, les notions idéalistes et simplistes de transition énergétique ont provoqué une nouvelle crise de l’énergie qui pourrait s’avérer bien plus grave que celle des années 1970. Les décideurs se sont empressés d’imputer la crise à la sécheresse, aux vents faibles en mer du Nord et à la guerre en Ukraine, mais c’est une erreur. La crise actuelle n’a pas été provoquée par une guerre ou des circonstances momentanées et malheureuses, elle est le résultat d’investissements énergétiques insuffisants.

Nous assistons actuellement au début d’une crise énergétique structurelle prolongée causée par une mauvaise compréhension de ce qu’est l’énergie, un manque de compréhension de notre dépendance aux combustibles fossiles pour notre croissance et notre prospérité et, surtout, des notions naïves sur la vitesse à laquelle la transition vers un système énergétique neutre en carbone peut être réalisée.

Selon l’AIE (Agence internationale de l’énergie), le monde devrait s’abstenir d’investir dans de nouvelles capacités de production d’énergie fossile, et les investisseurs mettent actuellement sur une liste noire les entreprises énergétiques « problématiques ». Les compagnies pétrolières se sont plutôt lancées dans des investissements massifs dans les énergies durables, comme l’énergie éolienne, afin de rester pertinentes dans le système d’énergies non fossiles de l’avenir. Cela entraîne une augmentation des exigences de rendement et une réduction des investissements dans de nouvelles capacités fossiles, tandis que les dividendes des actionnaires sont augmentés, car personne ne souhaite que les bénéfices soient réinvestis dans de nouvelles productions fossiles. En conséquence, la capacité de réserve mondiale était déjà à un niveau historiquement bas avant la guerre en Ukraine. En 2021, par exemple, les compagnies pétrolières et gazières ont remplacé à peine 6 % de la consommation de l’année par de nouvelles découvertes, le niveau le plus bas depuis 1952 (source : Alliance Bernstein, août 2022). Cela peut sembler raisonnable, étant donné que nous voulons réduire les émissions de carbone. Le problème est toutefois que les combustibles fossiles représentent 84 % de l’approvisionnement en énergie primaire dans le monde (source : Our World in Data, 2020).

De nombreux décideurs croient à tort qu’il serait possible, en quelques années, de réduire notre recours aux énergies fossiles et d’augmenter simultanément celui aux énergies renouvelables, en utilisant ces dernières pour l’électrification et la décarbonisation au moyen de l’hydrogène et des technologies dites « Power-to-X » (P2X) (qui consistent à transformer l’électricité en une autre énergie). Nous pensons que ce n’est pas réaliste. Un dollar investi dans le pétrole, le charbon et le gaz produira 20 à 25 fois plus d’énergie qu’un dollar investi dans les énergies renouvelables (source : Thunder Said Energy, 2021).1 En 2015, un total de 1 000 milliards de dollars a été investi dans de nouvelles énergies primaires (carburants et électricité) au niveau mondial. En 2021, ce chiffre est tombé à 870 milliards de dollars, alors que la consommation d’énergie a augmenté (source : AIE, 2021). Les investissements dans le pétrole, le gaz et le charbon sont passés de 700 à 450 milliards de dollars au cours de la même période. Les investissements dans l’énergie solaire et éolienne, en revanche, sont passés de quelque 230 milliards à 320 milliards pendant cette période. Une analyse superficielle permettrait de conclure que c’est exactement ce qui devrait se passer dans un monde qui lutte contre les changements climatiques. Toutefois, étant donné la densité énergétique (dans ce contexte, la différence de production d’énergie entre les énergies renouvelables et les énergies fossiles par rapport aux investissements) beaucoup plus faible, cela signifie que le secteur de l’énergie est largement sous-financé et que les investissements croissants dans les énergies solaire et éolienne ne compensent aucunement la baisse des investissements dans les énergies fossiles.

Au cours de la période allant de 2004 à 2021, les investissements mondiaux dans les énergies renouvelables se sont élevés à 4 800 milliards de dollars et ont réduit la proportion d’énergie fossile dans notre système énergétique de seulement 3 % (proportion qui est passée de 87 % à 84 %). Le fait que Ørsted, le plus grand exploitant d’éoliennes au large des côtes au monde, ait produit environ 25 térawattheures (TWh) d’électricité en 2021 fait ressortir l’aspect réducteur du raisonnement précité. Une compagnie pétrolière comme BP produit 2 250 TWh d’énergie, soit presque cent fois plus qu’Ørsted (source : C WorldWide, 2022). Il va sans dire qu’il faudra un certain temps à Ørsted et aux autres producteurs d’énergie renouvelable pour compenser la baisse de production que nous exigeons en tant que société afin de nous aligner sur les objectifs de zéro émission nette d’ici 2050.

Nous avons fait des choix et devons maintenant en assumer les conséquences. Les prix du gaz naturel et de l’électricité en Europe ont été multipliés par 15 à 20 en 18 mois. Si le prix de l’essence avait augmenté au même rythme que celui du gaz naturel, il vous en coûterait environ 1 000 $ pour faire le plein de votre voiture.

Les entreprises en ressentent immédiatement l’impact, et de nombreuses entreprises européennes des secteurs à forte intensité énergétique ont arrêté leur production au cours du mois dernier. L’Europe est confrontée à la désindustrialisation. Déplacer la production vers des pays où l’énergie est bon marché est un meilleur investissement que d’importer de l’énergie coûteuse en Europe. Cela contribuerait bien sûr à réduire les émissions de carbone de l’Europe, mais entraînerait également du chômage, des tensions sociales, une instabilité politique et, potentiellement, la fin de l’euro.

La vérité qui dérange est que nous devrons vivre avec des pénuries et des prix élevés en matière d’énergie. Ce sera le cas soit jusqu’à ce que la demande diminue (récession durable), soit jusqu’à ce que notre société accepte que notre système énergétique ne peut se passer des combustibles fossiles et que nous recommencions à investir massivement dans les énergies primaires, notamment le gaz naturel et le nucléaire. D’un point de vue réaliste, les effets d’un tel revirement ne se feraient pas sentir avant la fin des années 2020, qui est l’estimation la plus précoce du moment où nous pourrons espérer voir se terminer la crise de l’énergie actuelle.

Nous avons besoin de plus de faits et de moins d’émotions dans le débat sur l’énergie. Face au choix entre la solution parfaite mais simpliste – la transition totale vers les énergies renouvelables – et la bonne solution réaliste – la poursuite de l’utilisation du gaz naturel et l’élimination progressive du charbon combinées à l’efficacité énergétique, aux sources d’énergie renouvelable et à l’énergie nucléaire, nous nous retrouvons avec exactement le contraire de ce que nous voulions. La transition énergétique était censée ouvrir la voie à de nouvelles possibilités industrielles et réduire les émissions de carbone. Au lieu de cela, nous constatons une désindustrialisation et une augmentation des émissions de carbone. Les pénuries de gaz favorise la consommation de charbon en Europe, mais le fait que nous ayons affamé l’industrie fossile et que la Chine ait pour cela reporté sa transition du charbon vers le gaz naturel, par exemple, pose un plus grand défi climatique. L’industrie chinoise du charbon est le plus grand émetteur de dioxyde de carbone (CO2) au monde, produisant quatre fois le volume de CO2 de la production pétrolière de l’Arabie saoudite (source : entretien avec l’analyste pétrolier Oswald Clint, Alliance Bernstein, août 2022). Le charbon libère 60 % plus de CO2 que le gaz. Nous devons faire la distinction entre les bons et les mauvais combustibles fossiles. Le charbon doit être éliminé progressivement, et le gaz associé au captage et au stockage du carbone (CSC) doit être introduit progressivement. On ne peut pas s’inquiéter du climat et refuser l’énergie nucléaire, d’autant plus que les petits réacteurs modulaires modernes sont beaucoup plus sûrs. Les années 2030 devraient voir l’introduction de l’énergie de fusion nucléaire. Allons-nous également refuser la source d’énergie ultime de l’univers simplement parce que nous continuons d’être influencés par le slogan « Non au nucléaire » des années 1980?

Chez C WorldWide Asset Management, nos investissements dans le secteur de l’énergie se limitent à des sociétés qui sont selon nous positionnées pour générer une croissance rentable et structurelle au cours de la prochaine décennie. Nous sommes exposés à la chaîne de valeur des panneaux solaires chinois, et nous investissons dans quelques entreprises de services publics et de gaz industriels qui, selon nous, devraient profiter de l’intérêt de la communauté mondiale pour les technologies à faibles émissions, comme l’énergie éolienne et solaire, l’hydrogène et le gaz naturel.

Nous sommes sur le point de connaître la plus grande vague d’investissements de l’histoire. En plus de repenser le rôle du gaz naturel dans nos systèmes énergétiques, nous devons investir massivement dans l’énergie éolienne et solaire, l’énergie nucléaire, l’efficacité énergétique, les drains naturels de carbone, tels que les forêts et le biochar, et dans le soutien aux crédits carbone volontaires. Si nous faisons cela, nous pouvons espérer atteindre la carboneutralité sans provoquer de tensions sociales et économiques excessives. Et, espérons-le, empêcher l’Europe de sombrer dans la marginalité.

Sauf indication contraire, les données sont en dollars américains.

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