Par Corrado Tiralongo, Chef de placements | 2 janvier 2025
À votre avis, quel sera le sujet de l’heure au début de 2025? Quels thèmes de placement seront sur toutes les lèvres?
Nous nous attendons à ce que le sujet de l’heure soit l’éventuelle politique commerciale du président élu des États-Unis, Donald Trump. Les marchés fluctuent. Une partie de l’incertitude sur le marché réside dans la question de savoir si les droits de douane punitifs que le président Trump s’est engagé à imposer – dont des droits de 60 % sur toutes les importations en provenance de la Chine et des droits universels de 10 % sur les importations en provenance des autres pays – constituent une menace sérieuse ou un point de départ pour les négociations. Toutefois, il y a également de la confusion quant aux conséquences économiques de ces droits de douane et des canaux par lesquels ils seront mis en œuvre.
De nombreux économistes ont appris que le libre-échange est une bonne chose et que, inévitablement, les droits de douane sont une mauvaise chose. À long terme, c’est généralement le cas. Or, il est possible qu’à court terme, l’imposition de droits de douane puisse stimuler la production dans le pays qui les impose. En effet, ces droits peuvent agir comme une taxe de substitution des dépenses qui redirige la demande vers les producteurs nationaux.
Cependant, le problème est que, mis à part leur niveau et leur couverture, la conséquence immédiate des tarifs sera déterminée par au moins cinq autres facteurs.
- Le gouvernement utilisera-t-il les revenus générés par les droits de douane pour réduire d’autres taxes ou augmenter les dépenses? Si la réponse est non, alors une hausse des droits de douane s’apparente à un resserrement budgétaire, lequel réduirait la demande et, ultimement, la production.
- Si l’on suppose que le gouvernement utilisera les revenus, est-ce que la conséquence des droits de douane sera atténuée par les fluctuations des taux de change? C’est ce qui s’est produit lors du premier mandat de M. Trump à la présidence des États-Unis, lorsqu’un dollar américain plus solide a émoussé les effets des droits de douane qu’il avait imposés.
- Quelle est l’élasticité de la demande pour les biens assujettis aux droits de douane? Ce facteur détermine la probabilité que les consommateurs réagissent à la hausse du coût des biens importés en réorientant leurs dépenses vers les producteurs nationaux.
- L’économie fonctionne-t-elle en deçà du plein emploi et est-elle donc en mesure d’accroître la production pour répondre à toute hausse de la demande pour une production nationale?
- Plus important encore, les partenaires commerciaux réagiront-ils au protectionnisme des États-Unis en imposant leurs propres droits de douane? Nous sommes d’avis que les gouvernements de la plupart des grandes économies riposteront d’une façon ou d’une autre, mais qu’ils s’abstiendront de déclencher une guerre commerciale mondiale.
Bref, les conséquences économiques qui entourent les droits de douane sont loin d’être simples. Nous pensons qu’une hausse des droits de douane sous une deuxième administration Trump entraînera une légère hausse ponctuelle des prix aux États-Unis et, par conséquent, une poussée de l’inflation de courte durée. Elle pourrait aussi accélérer le découplage entre les États-Unis et la Chine, cette dernière semblant être le principal centre d’attention. Toutefois, si d’autres pays évitent des représailles importantes, il est probable que l’incidence à long terme sur les volumes des échanges mondiaux sera plus faible que ce que beaucoup craignent maintenant.
On peut aussi raisonnablement s’attendre à ce que l’administration Trump ne respecte pas sa promesse de rapatrier un grand nombre d’emplois manufacturiers aux États-Unis. Cela s’explique en partie par le fait que les données économiques sur la relocalisation1 ne sont pas cohérentes. Bon nombre de ces emplois sont à forte intensité de travail, et les salaires dans le secteur manufacturier américain sont plus de 10 fois plus élevés qu’au Mexique et 20 fois plus élevés qu’au Vietnam. Le fait de rapatrier des emplois aux États-Unis ou dans d’autres économies avancées ferait augmenter les coûts des entreprises, ce qui se traduirait par une hausse des prix à la consommation.
Toutefois, la perte d’emplois dans le secteur manufacturier aux États-Unis et dans d’autres économies avancées ne s’explique pas uniquement par les faibles salaires dans les autres pays. Elle est également fonction du développement économique : à mesure que les économies s’enrichissent et grimpent dans la chaîne de valeur, il est logique que la production à faible coût se déplace vers des centres à faible coût. L’automatisation a également joué un rôle. Voilà qui explique en partie pourquoi la production manufacturière aux États-Unis est plus élevée qu’en 2000, même si les emplois dans ce secteur y sont nettement inférieurs.
Nous ne sommes pas convaincus que la victoire de M. Trump soit un avantage net pour les actions américaines. Ultimement, nous pensons que ses politiques auront un effet négatif sur la croissance, et nous doutons qu’il entraîne une autre importante expansion budgétaire.
Toutefois, nous avons quelques réserves à l’égard des marchés boursiers de nombreuses autres économies en raison des craintes que les droits de douane auront de lourdes conséquences, comme ce fut le cas en 2018, après le début de la « guerre commerciale » amorcée par l’administration Trump.
Les perspectives sont particulièrement sombres pour la Chine. Même si l’indice MSCI Chine a reculé d’environ 15 % depuis son plus récent sommet en octobre, il demeure supérieur de plus de 30 % à son creux de janvier, les attentes concernant le soutien du gouvernement ayant fortement stimulé le marché boursier (en données nettes) cette année. Par ailleurs, nous pensons que les mesures annoncées jusqu’à présent ne suffiront pas pour redresser de façon durable l’économie, mais en plus, le pays devrait aussi être la principale cible de la guerre commerciale qui, selon nous, sera amorcée par les États-Unis. Notre hypothèse est que les États-Unis imposeront des droits de 60 % sur tous les biens en provenance de la Chine.
Parallèlement, les actions de la zone euro devraient aussi en souffrir. Les sociétés allemandes pourraient être particulièrement vulnérables à une guerre commerciale, compte tenu des solides liens commerciaux du pays avec la Chine et de son important excédent commercial avec les États-Unis. De plus, le marché boursier français est fortement axé sur le secteur des produits de luxe, qui a été durement touché par les préoccupations à l’égard de la croissance en Chine. Comme la France et l’Allemagne représentent environ 60 % de l’indice MSCI Europe, nous nous attendons à ce que la région dans son ensemble inscrive de piètres rendements.
En fait, la plupart des marchés boursiers seraient mis à mal par une guerre commerciale. En particulier, les liens économiques étroits du Mexique avec les États-Unis pourraient rendre son marché boursier très vulnérable à une tension commerciale croissante. Après tout, nous supposons que les États-Unis imposeront des droits de 10 % à tous les pays, compromettant les perspectives des sociétés à l’échelle mondiale. De façon plus générale, une guerre commerciale ébranlerait vraisemblablement l’appétit pour le risque et inciterait les investisseurs à privilégier des placements plus sûrs que les actions, ce qui pourrait se révéler particulièrement dommageable pour les actions des marchés émergents.
Cela dit, les perspectives sont plus encourageantes pour quelques marchés boursiers, même si elles ne sont pas aussi bonnes qu’aux États-Unis. Nous pensons que l’Inde, Taïwan et le Vietnam pourraient profiter d’une guerre commerciale puisque les exportateurs vers ces pays pourraient gagner des parts de marché, même si cela pourrait ne pas être suffisant pour que les actions indiennes enregistrent des rendements supérieurs, compte tenu de leurs valorisations élevées. Nous nous attendons également à ce que les actions japonaises se comportent bien. Malgré la légère appréciation du yen qui, selon nous, nuirait probablement aux actions japonaises en monnaies locales, notre opinion selon laquelle l’enthousiasme à l’égard de l’IA augmentera nous porte à croire que les actions japonaises réaliseront encore des gains convenables grâce au fort accent technologique du marché boursier. Pour la même raison, nous nous attendons à ce que les actions de Taïwan et de la Corée du Sud soient vigoureuses. Les actions du Royaume-Uni pourraient aussi être intéressantes, du moins par rapport au reste de l’Europe. Cela s’explique par le fait que l’économie du Royaume-Uni n’est pas aussi exposée aux droits de douane américains que de nombreuses autres économies.
De plus, comme nous sommes d’avis que les politiques de l’administration Trump entraîneront un raffermissement accru du dollar américain par rapport à la plupart des autres devises, nous nous attendons à ce que les actions non américaines dégagent un rendement encore plus faible en dollars américains. En fait, l’appréciation générale du dollar américain est la principale raison pour laquelle nous pensons que la guerre commerciale ne pèsera pas trop sur l’économie mondiale; c’est pourquoi nous ne nous attendons pas à ce que le rendement des actions mondiales dégénère.
Il est possible que certains emplois hautement spécialisés du secteur manufacturier soient rapatriés aux États-Unis et dans d’autres économies avancées pendant la prochaine décennie. Cependant, je soupçonne que les chiffres seront relativement faibles et que la renaissance de l’emploi dans le secteur manufacturier promise par l’administration Trump et d’autres dirigeants occidentaux ne se concrétisera pas.
Par ailleurs, je ne crois pas que les droits de douane soient la véritable menace. L’immigration pourrait être un secteur où l’incidence économique d’une seconde administration Trump pourrait être plus importante. Les premières nominations de M. Trump – dont celle de Stephen Miller au poste de chef de cabinet adjoint – témoignent de son intention de tenir ses promesses électorales pour lutter contre l’immigration, tant légale qu’illégale. Les membres de l’équipe de transition du président élu ont parlé de plans visant à expulser jusqu’à un million d’immigrants sans papiers par année. Les conséquences économiques d’une telle mesure pourraient être considérables.
Au cours des dernières années, l’immigration a représenté environ les quatre cinquièmes de la croissance de l’offre de main-d’œuvre aux États-Unis et a été l’une des principales raisons pour lesquelles la croissance économique est demeurée vigoureuse, même si la Réserve fédérale américaine a relevé les taux d’intérêt à des sommets sans précédent depuis des générations dans le but de contenir l’inflation.
À première vue, les restrictions en matière d’immigration – conjuguées au retrait actif du nombre de migrants sans papiers dont il est question – pourraient vraisemblablement réduire la croissance du produit intérieur brut (PIB) potentiel des États-Unis d’environ 1 % par année. Il est faux de penser qu’il s’agit uniquement d’un coup porté au volet de l’offre de l’économie américaine. Les migrants dépensent aussi; il en découlerait donc une baisse de la demande.
Or, s’il faut retenir une leçon de la pandémie de COVID-19, c’est que l’ajustement à un nouvel équilibre est rarement sans heurts; ainsi, il est probable que les secteurs qui dépendent fortement de la main-d’œuvre migrante (construction, agriculture, loisirs et hôtellerie) devraient composer avec une hausse des coûts qui se traduiraient par une hausse des prix. Ensemble, les mesures d’immigration proposées pourraient entraîner une stagflation2 importante pour l’économie américaine.
Alors que le monde se concentre sur les répercussions de la politique commerciale de M. Trump pendant son second mandat, ce sont plutôt ses intentions en matière d’immigration qui pourraient porter un véritable coup à l’économie.
Toutefois, nous doutons que le rendement supérieur des marchés boursiers américains s’étende au-delà de la fin de l’année prochaine. Si nous avons raison et que l’indice S&P 500 surpasse les autres marchés boursiers en raison de l’enthousiasme à l’égard de l’IA, cela signifie, à notre avis, qu’une bulle s’est formée aux États-Unis et qu’elle a effectivement atteint son point de rupture. C’est pourquoi nous nous attendons à ce que le marché boursier américain perde du terrain en 2026 et produise de piètres rendements sous la prochaine administration Trump. Et même si les actions à l’extérieur des États-Unis étaient probablement prises dans la tourmente, nous pensons qu’elles résisteraient mieux globalement, pour la simple raison qu’elles ne seraient pas aussi surévaluées que leurs homologues américaines. Le résultat est que nous nous attendons toujours à ce que l’exceptionnalisme du marché boursier américain prenne fin lorsque la bulle de l’IA éclatera.
Quelles catégories d’actif recommanderiez-vous aux investisseurs de suivre attentivement en 2025?
L’enjeu principal est la situation financière des économies avancées et les éventuelles répercussions.
La détérioration des finances publiques des économies avancées depuis la pandémie de COVID-19 est mise en évidence dans la plus récente revue budgétaire du Fonds monétaire international, qui compare ses prévisions à l’égard des soldes budgétaires des grandes économies avancées cette année à leur situation en 2019. Les soldes budgétaires se sont détériorés de 2,5 % en moyenne du PIB depuis 2019. En France, le déficit devrait atteindre 6 % du PIB cette année. Aux États-Unis, il devrait dépasser 7 % du PIB. En conséquence, les ratios des dettes publiques ont atteint ou frôlent leurs plus hauts niveaux depuis que le Fonds monétaire international a commencé à produire ces données en 1980 dans tous les pays, à l’exception de l’Allemagne.
La principale question est de savoir si ce fait est important. L’enjeu le plus préoccupant est celui de la durabilité budgétaire.
Il s’agit d’un concept complexe dans les économies développées. Comme les gouvernements émettent des obligations en monnaies locales, les banques centrales nationales peuvent soutenir les marchés obligataires souverains. Ainsi, contrairement à certaines économies émergentes qui émettent des titres libellés en devise, il est peu probable que les gouvernements ne remboursent pas entièrement leur dette.
Les problèmes surviennent plutôt lorsque la confiance dans l’engagement d’un gouvernement à l’égard de la rectitude budgétaire diminue, ce qui fait grimper fortement les taux obligataires et force les décideurs à prendre des mesures correctives pour rétablir la crédibilité et empêcher les données budgétaires de devenir incontrôlables. C’est ce qui s’est produit aux États-Unis au milieu des années 1990, lorsqu’une hausse des taux obligataires a incité la Maison-Blanche à resserrer sa politique budgétaire. Ce fut également le cas au Royaume-Uni il y a deux ans, quoique la baisse des cours obligataires se soit transformée en crise, les stratégies de placement axées sur le passif des régimes de retraite ayant créé un cercle vicieux d’appels de marge et de ventes d’obligations.
Le défi consiste à savoir à quel moment le marché obligataire a épuisé sa patience. Il n’y a pas de démarcation nette et précise au-delà de laquelle une crise devient inévitable. Plusieurs facteurs contribuent plutôt au maintien de la confiance et du marché obligataire. L’un d’entre eux est le contenu des politiques : un gouvernement qui augmente les dépenses ou réduit les impôts dans un contexte budgétaire déjà précaire s’attire des ennuis. Toutefois, il faut retenir de la débâcle de l’ancienne première ministre du Royaume-Uni, Liz Truss, que le ton et l’optique comptent également. La vive réaction des marchés ne découle pas seulement des mesures expansionnistes elles-mêmes, mais aussi de la façon dont elles ont été annoncées. Le chien de garde budgétaire du Royaume-Uni a été mis de côté et toute personne qui laissait entendre que les baisses d’impôt non capitalisées menaçaient la viabilité budgétaire à long terme a été écartée comme un partisan de l’économie de boulier. Ce contexte a donné l’impression que les mesures de protection budgétaires avaient été supprimées.
Dans cette optique, nous recommandons d’examiner les catégories d’actif suivantes au cours de la prochaine année.
Titres à revenu fixe
Des taux d’intérêt élevés aux États-Unis continueront vraisemblablement de peser sur les obligations d’État à l’échelle mondiale. Une administration Trump signifie des taux de rendement des obligations du Trésor plus élevés3, compte tenu de ses propositions budgétaires et protectionnistes qui laissent entrevoir des pressions inflationnistes plus soutenues aux États-Unis. Nous pensons que la Réserve fédérale américaine appliquera une politique monétaire plus restrictive que ce que nous avions initialement prévu, mettant fin au cycle d’assouplissement alors que le taux cible sera dans une fourchette de 3,50 % à 3,75 % plutôt que de 3,00 % à 3,25 %. Toutefois, nous demeurons convaincus que les taux obligataires dans la plupart des économies développées reculeront d’ici la fin de 2025, dans une mesure supérieure à nos attentes avant les élections américaines.
Actions
Les actions américaines seront probablement les « grandes gagnantes » en 2025, mais les investisseurs ne devraient pas mettre tous leurs œufs dans le même panier. Il existe des valorisations intéressantes à l’extérieur des actions américaines technologiques ou de croissance, mais elles n’attireront pas l’attention des investisseurs tant que la bulle de l’IA n’aura pas atteint sa limite.
La plupart des marchés boursiers seraient mis à mal par une guerre commerciale. En particulier, les liens économiques étroits du Mexique avec les États-Unis pourraient rendre son marché boursier très vulnérable à une tension commerciale croissante. Nous sommes d’avis que les États-Unis imposeront des droits de douane de 10 % à l’ensemble des pays, ce qui nuira aux perspectives des sociétés mondiales. De façon plus générale, une guerre commerciale ébranlerait vraisemblablement l’appétit pour le risque et inciterait les investisseurs à privilégier des placements plus sûrs que les actions, ce qui pourrait se révéler particulièrement dommageable pour les actions des marchés émergents.
Placements alternatifs
Biens immobiliers commerciaux : Il nous semble de plus en plus évident que les prix ont atteint un creux. Cependant, nous nous attendons à ce que les événements récents – comme l’élection de Donald Trump et le récent budget du Royaume-Uni en particulier – entraînent une reprise des prix encore plus lente que prévu.
Actifs privés : Nous sommes préoccupés par la croissance et la promotion des stratégies d’actifs privés pour les investisseurs de détail. Comme l’a souligné Cliff Asness, directeur général et chef des placements à AQR Capital Management, ces stratégies sont une forme de « blanchiment de la volatilité » ou, essentiellement, elles visent à masquer les risques réels pour les investisseurs. Compte tenu de la complexité des stratégies d’actifs privés et de leurs structures de placement, je suis d’avis que la plupart des investisseurs ne devraient pas y investir directement.
Stratégies de placement qui ne sont pas exclusivement à long terme : Elles sont utiles dans le contexte d’un portefeuille en tant qu’outils pour atténuer le risque extrême et améliorer le rendement global du portefeuille, etc.; toutefois, elles posent un risque parce qu’il faut les conserver à long terme. Seuls les investisseurs et les conseils d’administration les plus avertis semblent avoir l’horizon et l’aptitude nécessaires pour les inclure dans des portefeuilles et les conserver au fil du temps pour en tirer les avantages.
Devises
Le résultat de l’élection américaine signifie que le Canada et les États-Unis ne s’échangeront pas de bracelets d’amitié de sitôt et augmente les risques d’inflation; cependant, nous croyons toujours que les préoccupations à l’égard de la croissance inciteront la Banque du Canada à réduire son taux directeur sous le seuil de neutralité (dans une fourchette de 2,25 % à 3,25 %), surtout si l’on tient compte des éventuelles répercussions des droits de douane sur le PIB du Canada. Le point positif de nos prévisions est que la Banque du Canada ramènera son taux directeur à 2,0 % d’ici le milieu de 2025. Les baisses de taux d’intérêt apportées précédemment n’ont pas encore eu beaucoup d’effet sur l’économie canadienne, qui demeure acculée à une période de croissance inférieure à son potentiel. Pire encore, toute stimulation de l’économie découlant de la baisse des coûts d’emprunt l’an prochain sera freinée par une baisse de la population, à mesure que de nouvelles mesures de réduction de l’immigration entreront en vigueur. Par conséquent, nous prévoyons une faible croissance du PIB de 1,5 % en 2025 et de 1,7 % en 2026. Nous nous attendons à ce que le dollar canadien glisse à un creux de 0,67 $ US en 2025.
L’euro atteindra vraisemblablement la parité avec le dollar américain l’an prochain. Nous nous attendons à ce que les États-Unis imposent des droits de douane de 10 % sur toutes les importations de biens au deuxième trimestre de l’exercice prochain (sauf pour la Chine, qui sera assujettie à des droits de douane de 60 %). La politique commerciale des États-Unis demeure tout de même incertaine, de sorte que l’effet des droits de douane sur les marchés des changes n’est probablement pas encore entièrement pris en compte. Lorsqu’il n’y aura plus aucun doute que des droits de douane seront imposés, le dollar américain devrait s’apprécier. De plus, nous pensons que la Banque centrale européenne réduira les taux d’intérêt au-delà des attentes du marché, ce qui freinerait l’euro. Par rapport à d’autres partenaires commerciaux, l’euro variera probablement peu, à l’exception de la Chine, qui subira des pressions en raison des droits de douane américains.
Actions à petite capitalisation
Nous nous attendons à ce que le rendement inférieur des actions à petite capitalisation par rapport à celles à grande capitalisation – qui ont maintenant presque atteint un sommet inégalé en 20 ans aux États-Unis – se poursuive au cours de la prochaine année environ. En effet, nous pensons que le marché boursier continuera d’être stimulé principalement par les grandes sociétés technologiques, en raison de l’enthousiasme croissant à l’égard de l’IA. Le rendement inférieur des actions à petite capitalisation par rapport à celles à grande capitalisation n’est pas seulement un phénomène américain. On l’observe aussi sur le marché boursier japonais depuis le milieu de 2018 et depuis quelques années en Europe.
Actions de valeur
Nous avons sensiblement les mêmes prévisions pour les actions de valeur par rapport aux actions de croissance que celles que nous avons à l’égard du rendement futur des actions à petite capitalisation par rapport aux actions à grande capitalisation. Cette relation a évolué de façon semblable au cours des dernières années. Nous ne prévoyons pas non plus que les actions de valeur prennent un virage à 90 degrés par rapport aux actions de croissance avant l’éclatement de la bulle. Nous pensons que les changements dans le rendement relatif de la croissance et de la valeur peuvent souvent être mieux compris par la façon dont l’émergence de nouvelles tendances dans l’économie interagit avec la psychologie des investisseurs et l’habitude qu’ils ont à suivre ces tendances. Un aperçu du rendement relatif des titres de croissance et de valeur à long terme aux États-Unis semble montrer des courants généraux, l’un des deux facteurs ayant inscrit un rendement nettement supérieur pendant des périodes pluriannuelles, ce qui s’explique parfois par des revirements importants. Nous pensons qu’un cadre simple et, il est vrai, très stylisé qui aide également à expliquer de nombreux cycles d’expansion/de récession sur les marchés boursiers en général peut mettre en contexte certaines de ces tendances en matière de croissance et de valeur.
Ailleurs qu’en Amérique du Nord
Les investisseurs doivent se rappeler que les actifs circulent sur le marché boursier, où ils estiment obtenir le meilleur rendement. Il n’est pas nécessaire qu’une région ou une catégorie d’actif soit absolument meilleure qu’une autre, seulement que les attentes soient « moins mauvaises » qu’auparavant. Les investisseurs patients ne devraient donc pas écarter les catégories d’actif et les régions qui sont aux prises avec des difficultés, car il suffit d’un léger changement dans la confiance pour que les écarts de valorisation se resserrent rapidement.
Les investisseurs doivent garder à l’esprit que d’excellentes sociétés/catégories d’actif ne sont pas toujours synonymes d’excellents placements. Le prix que vous payez aujourd’hui détermine votre rendement à long terme.
Quelles régions vous ont surpris en 2024 et lesquelles devraient inscrire un rendement supérieur l’an prochain?
- Au début de 2024, nous estimions que les actions américaines, en particulier les actions liées à l’IA, seraient en tête de peloton. En 2023, nous estimions que la probabilité d’un atterrissage brutal aux États-Unis était plus élevée que ce à quoi s’attendaient les acteurs du marché. Le contexte a changé au premier trimestre de l’exercice 2024 et nous sommes devenus d’avis que les taux chuteraient plus rapidement que les attentes du marché, et que les actions américaines et celles liées à l’IA dégageraient des rendements supérieurs.
- Compte tenu des problèmes structurels de la Chine, la remontée des actions chinoises est déroutante en tant qu’investisseur fondamental. Les mesures de relance qui ont été mises en œuvre ne font rien pour corriger les enjeux à long terme de la Chine. Elles sont toutefois logiques du point de vue d’un économiste comportemental étant donné la nature commerciale des marchés boursiers chinois et leur propension à former des bulles.
- Le rendement relatif des actions canadiennes est quelque peu surprenant.
Y a-t-il des secteurs que vous surveillez de près? Où sont les vents contraires et les vents favorables?
- En tant que gestionnaires de portefeuille de catégorie d’actif multiple, nous n’investissons généralement pas directement dans des secteurs précis. Nous réfléchissons plutôt à l’ensemble des catégories d’actif dans lesquelles nous voulons investir, puis aux régions, puis à la façon dont nous voulons obtenir cette exposition (passive ou active), puis aux stratégies, aux styles, à l’exposition factorielle à appliquer, etc. Cela dit, nous devons comprendre la composition de ces régions et les secteurs susceptibles de stimuler le rendement.
- Le secteur des marchandises sera exposé à des vents contraires, en raison du ralentissement de la croissance mondiale. Ce n’est pas de bon augure pour le Canada et les autres producteurs de marchandises. En ce qui concerne plus précisément les prix du pétrole, l’OPEP exprime depuis longtemps son intention d’augmenter graduellement sa production, mais elle continue d’en retarder la mise en œuvre. Cette situation met de la pression sur le risque dans la mesure où les membres de l’OPEP+ continuent de retarder l’augmentation de la production, ce qui, paradoxalement, pourrait accroître la probabilité d’une hausse encore plus abrupte de l’offre de pétrole.
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